Loup y es-tu ?
Une histoire dans l’univers de World of Warcraft.
Une lueur d’espoir subsistait au plus profond du cœur glacé de l’elfe.
C’était cette flamme tremblotante dans les ténèbres de son désespoir qui la poussait à courir, courir encore alors que ses jambes se dérobaient sous elle. Elle n’avait rien à faire ici ; elle était perdue si on la trouvait. Et ce “on” vague la terrifiait.
Elle était en simple mission de reconnaissance. Le Kirin Tor lui avait demandé d’aller inspecter les champs arcaniques disruptifs qu’avait laissé derrière le déplacement de la ville de Dalaran. Donc, elle devait se rendre à l’ancien emplacement de Dalaran : les Clairières de Tirisfal. Elle aurait dû se douter d’un truc louche juste avec ce nom !
Stupide, stupide elfe. Trop envie d’être enfin acceptée en tant que Mage pour réfléchir.
On l’avait envoyée se faire tuer, oui ! Rien de plus facile que se débarrasser d’elle discrètement.. Par Elune ! Elle était tombée droit dans le panneau. Et son escorte manquante..
Les bois étaient infestés de worgens. Et de gardes de la Horde.. Sans compter les abominations, les goules, des horreurs sans nom qui hantaient les parages.
Sur ces pensées morbides, elle percuta de plein fois un obstacle métallique. Sonnée, étalée dans la mousse, elle se releva sur son coude pour voir ce qui venait d’achever définitivement sa journée. Elle dégluti en cillant. Achever au sens propre du terme.
Devant elle se trouvait un Troll en armure de mailles, accroupi. Ses cheveux rouges agressifs s’accordaient étonnement bien avec sa peau d’un turquoise profond, et ses défenses ivoires étaient ornées de motifs tribaux. Il dégageait une impression de puissance élémentaire, comme une force de la nature, un magnétisme puissant. Terrifié, fascinée malgré elle, Laena ne pouvait que trembler, immobile. Ses yeux rougeoyants la transfixaient.
Avec des gestes lents, de ceux que l’on fait pour ne pas effaroucher une biche sauvage, le Troll se releva et lui tendit la main. Déglutissant avec difficulté, elle écarquillait ses yeux luminescents, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure. Que devait-elle faire ? Il était hors de question de crier, elle ne savait pas ce qu’elle pourrait rameuter.. S’évanouir n’était pas une option, elle serait totalement vulnérable, à la merci de cette.. bête sauvage.. Son cœur pulsait douloureusement dans ses tempes.
S’enfuir, elle devait s’enfuir !
Faisant appel à des instincts aussi vieux que le monde, ses muscles engourdis se détendirent brutalement alors qu’elle bondissait en arrière, faisant volte-face pour s’élancer dans le sous-bois.
Éperdument, elle courrait, jusqu’à ne plus sentir ses membres, la souffrance irradiant à chaque battement frénétique de son cœur. Bientôt, il faudrait qu’elle ralentisse ; bientôt, il faudrait qu’elle s’arrête…
Soudain, le sol se mit à trembler sous ses pieds. Laena vacilla, avant de s’effondrer pour de bon dans l’herbe humide. Elle se figea aussitôt, sachant ce qu’elle verrait, mais craignant d’ouvrir les yeux et de se confronter à la réalité. Elle ne voulait pas finir comme ça, en ragoût !
Derrière elle, des bruits de lutte, des grognements et des glapissements… silence. Les hululements d’une chouette, le hurlement sinistre du vent.
Tout en se mordant les lèvres pour contenir une crise d’hystérie, l’elfe se redressa vaillamment, les yeux toujours fermés. Un contact chaud et légèrement rugueux sur la peau soyeuse de sa joue la fit sursauter violemment, pupilles dilatées. Le Troll était si proche que la chaleur de son souffle embuait ses lèvres.
La chaleur de son corps la brûla. Tétanisée, elle ne vit pas sa main se lever.