Category: Prose

Mel vit l’arbre et gouta son fruit amer avant d’en percevoir la graine. Jamais son instinct ne lui avait autant fait défaut. Ce jour-là, elle était retournée sous les frondaisons de pierre. Elle fuyait le regard vide de Liam. Sa culpabilité. Son impuissance. Elle trouverait refuge dans le cynisme de Paul, cette aigreur rance d’adolescent trahi. « Viens. Tu sais...

Mel s’arrêta brusquement en constatant l’attroupement qui s’était formé. Certains vociféraient, d’autres semblaient frappés de stupeur et en trame sonore s’élevait la plainte tourmentée d’une femme en deuil, semblable au hurlement du loup. Le corps expéditionnaire se tenait serré, solidaire dans le désespoir face au deuil des villageois. Un abîme d’incompréhension béait entre ceux qui ont vécu et ceux qui...

Mel était restée à explorer ce fascinant dédale bien après que Lucie ne soit ressortie. Cette dernière était sans doute soulagée de se débarrasser de la jeune femme taciturne qui préférait passer ses journées à explorer plutôt qu’à bavarder. En effet, si elle n’avait pas réussi à se faire prêter de torche, elle était pourtant revenue à la charge poussée...

Le soleil éclatait de couleurs dans une cascade de poussière. Liam observait, émerveillé, les motifs dessinés par le sable. Blanche douleur irradiant sous ses paupières. A chaque pas, ses muscles roulaient sous sa peau, faisant jouer tendons et ossatures. A son épaule, le sac pendu cisaillait doucement sa chair. Les yeux mi-clos, il avançait en écoutant les crissements du sable,...

« Et ici, notre citerne. C’est une idée du Doc, il l’a dessinée lui-même. » Mel jeta un coup d’œil dubitatif vers ce qui semblait être une lourde plaque de métal posée par terre. « Évidemment, elle est creusée. Ça nous a pris des jours de travail, mais ça en vaut la peine ! » Elle hocha poliment la tête,...

Le sol était dur et froid contre sa joue. Elle se surprit à regretter le sable, qui s’il s’infiltrait partout, au moins se modelait autour de vous. Ça oui, on les avait accueillis comme des invités en ville. Un peu comme ses parents accueillaient le contrôleur du fisc, autrefois. Pierre donnait bien le change, lui. Il était affable, drôle et...

Elle les toisa d’un air défiant, auréolée de ses cheveux noirs poisseux comme une martyre farouche. L’homme face à elle s’était figé à ces mots, mais recommençait à se mouvoir avec une lenteur délibérée. Les autres jetaient des regards anxieux aux alentours, aux abois. Elle se mordit la langue fermement pour arrêter un rire hystérique qui pétillait dans son crâne....